Rédaction : Ch. Santré, adaptation d’après références ci-dessous.
Elle doit être commencée le plus rapidement possible après l’intervention et est d’autant plus efficace qu’elle prévient l’apparition des troubles orthopédiques et des complications de l’alitement. Un intérêt tout particulier doit être porté à la réalisation d’une contention grâce à un bandage Velpeau®. Le recours à un moyen de contention plus puissant de type Biflex® doit être proscrit en raison des risques que son utilisation, souvent difficile à contrôler en permanence, est susceptible de faire courir au patient. En revanche, rarement nocive, la bande Velpeau® doit être utilisée pour réaliser un bandage compressif du moignon dès que l’intervention est terminée (fig 1 & 2 ci dessous). Le rôle de ce bandage est capital et son utilisation ne souffre pratiquement aucune exception. Le drainage de l’oedème va limiter, voire faire disparaître les douleurs, faciliter la cicatrisation, permettre l’appareillage ultérieur.
1 . Rééducation depuis l’intervention au premier lever – Installation du malade
Le malade alité doit être placé en bonne position. pour éviter l’installation ou l’aggravation d’un flessum de hanche et/ou de genou. Ce point est très important car le résultat final de l’appareillage peut être compromis, voire annulé par la présence d’une limitation des amplitudes articulaires du moignon.
Récupération
La récupération consiste en soins locaux, intéressant avant tout la récupération de la force musculaire et de l’amplitude articulaire, pour permettre au membre lésé de supporter au mieux les contraintes de l’appareillage. La mobilisation est fréquente, au départ passive, puis assistée, de moins en moins, jusqu’à l’obtention de mouvements actifs. Il faut s’assurer régulièrement que le genou et la hanche sus-jacents à l’amputation puissent s’étendre complètement.
Réadaptation
La réadaptation vise essentiellement à prévenir les complications de l’alitement et à permettre au malade d’accomplir quelques gestes usuels :
- décompression régulière du siège,
- adoption de la position assise lors des repas ou de la toilette, en fonction de la tolérance locale.
Ré entraînement à l’effort
Le ré entraînement à l’effort, facilité et préparé par la réadaptation, permet à l’amputé de supporter le mieux possible l’effort de la répétition de ces gestes dans la vie de tous les jours. Des mouvements de gymnastique générale peuvent ê t re commencés progressivement et avec prudence, lorsque le malade a récupéré des suites opératoires. Ces exercices se font sous contrôle cardiovasculaire et pulmonaire, fréquents et rigoureux.
Prise en charge psychologique (conséquences psychologiques de l’amputation)
Elle doit être précoce et obligatoire par une équipe pluridisciplinaire. D’après le modèle de Kübler-Ross, la personne récemment amputée passe par 5 phases obligatoires de durée plus ou moins longues qui aboutissent ou non jusqu’à la phase d’acceptation. Cette évolution psychologique nécessite une prise en charge par un psychothérapeute et si besoin un psychiatre en collaboration avec l’équipe soignante (médecins, infirmier(e)s, kinés).
L’intervention à ce stade d’une personne déjà amputée s’avère particulièrement bénéfique et irremplaçable. Cette forme de solidarité et de complicité est presque toujours appréciée par les personnes récemment amputées qui se posent beaucoup de questions et sont souvent anxieux par rapport à l’avenir. ADEPA assure ces visites dans la plupart des régions de France (voir contacts en régions) et souhaite dans un avenir proche offrir ce service à toute personne récemment amputée qui le demande.
2 . Rééducation du premier lever au 20ème jour – Lorsque les drains sont retirés le patient peut se lever.
Récupération
Lors du passage à la station debout, il est impératif de vérifier la bonne tenue du bandage pour éviter l’augmentation de l’oedème (voir fig 1 & 2). Les exercices de «globulisation» précoces sont maintenant abandonnés car ils risquent de produire ou d’aggraver des douleurs « fantômes ».
Réadaptation
La remise debout est très progressive, en passant par la position assise, intermédiaire qui permet d’éviter vertiges et malaises éventuels. À ce stade débute l’apprentissage de la marche avec des béquilles, étape importante puisqu’elle amène l’autonomie indispensable immédiatement, et utile par intermittence durant toute la vie, en permettant à l’amputé de se déplacer sans appareil.
Réentraînement à l’effort
Dès cette phase, le ré entraînement à l’effort prend une importance croissante. Le travail des abaisseurs des bras, ainsi que celui du membre inférieur intact sont associés au ré entraînement cardiorespiratoire. Le ré entraînement à l’effort du membre amputé se borne à des mouvements actifs, avec ou sans résistance, du genou et/ou de la hanche, destinés à entretenir la tonicité musculaire.
3 . Rééducation à partir du 21e jour
L’admission en centre spécialisé dans la prise en charge des amputés est souhaitable car elle est le garant d’une rééducation rapide et efficace. Elle doit avoir lieu dès que possible, en pratique 2 à 4 semaines après l’amputation.
Appareillage
Dès que l’état local, au 21e jour dans les cas habituels, le permet, l’appareillage est commencé. Dans tous les cas, le moignon, même correctement bandé, est oedématié. Par ailleurs, les muscles du moignon sont en cours d’atrophie. Le volume et la forme de l’emboîture de la prothèse sont, à chaque fois que nécessaire, réadaptés pour tenir compte de ces modifications. Cette phase d’appareillage provisoire va se poursuivre jusqu’à ce que la stabilité de volume du moignon permette la réalisation de la première prothèse définitive avec laquelle le patient peut habituellement rejoindre son domicile. L’«amaigrissement » du moignon se poursuit de façon moins rapide au cours des mois suivants.
La deuxième prothèse définitive est fournie lorsque la première est devenue trop grande, en général au bout de 3 à 6 mois. L’amputé est alors en possession des deux prothèses définitives appelées « mises » dans le vocabulaire administratif et qui lui sont attribuées pour une durée de 5 ans. Dans l’intervalle, l’emboîture peut être changée autant de fois que les circonstances liées à des modifications du moignon ou à des altérations de l’appareillage l’exigent, en moyenne tous les 1 à 2 ans. Les frais relatifs à la fourniture d’une prothèse pour amputé sont pris en charge à 100 % par la sécurité sociale à condition que les éléments constitutifs de l’appareil soient inscrits sur la Liste des Prestations et Produits Remboursables (LPPR ex TIPS). Vous pouvez consulter le document intégral de la Liste des Prestations et Produits Remboursables. Les pages concernant les prothèses pour amputations sont les pages 418 à 544.
Fig 1 : Réalisation du bandage pour une amputation transfémorale
Fig 2 : Réalisation du bandage pour une amputation transtibiale
Références :
- Amputations du membre inférieur et appareillage. Encyclopédie Médico-Chirurgicale. D. Menager, Médecin chef, Institut Robert Merle d’Aubigné, 2, rue du Parc, 94460 Valenton, France.
- Amputations et Désarticulations des membres – Membres inférieurs. Camilleri A, Anract P, Missenard G, Larivière JY et Ménager D. A Encyclopédie Médico-Chirurgicale.
- Amputations and Prosthetics. A case study Approach. Bella J. May.
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